Tuesday - September 30, 2003

Late night conversation

Don't do to my woman what you wouldn't do to yours.
Conversation tard le soir - Ne fais pas à ma femme ce que tu ne ferais pas à la tienne

While in Dar Es Salaam Pierre and I eat 100 times at the same restaurant, Chef's Pride. We are known at the restaurant as the two people you absolutely DO NOT sit down with. Early on, guys were always coming over and pulling up a chair and plopping themselves down. Pierre and I stared with disbelief at them. The first time it happened Pierre says, "Excuse you sir, you can have the chair, but you can't eat with us, we would like to be alone, thank you". The annoyed man exclaimed, "Oh, You don't have to be so rude. You are in Tanzania". I explained that it was 'he who was rude and that one doesn't plant himself in an intimate dinner conversation without asking'. He didn't get it. All the illustrations in the world don'twon'tcan't compute. 'Funny' we think, we only see this happening with tourists, never with locals (it's because these people are all selling something, of course) so, the next few guys who try and sit with us, Pierre scares them to death by making a big, loud scene. Soon the stories spread and - Voila! everyone leaves us alone and doesn't try and sit with and sell us crap.

One night walking back from this restaurant, a guy stops us to, uh, sell us something. He asks us about Tanzania and we tell him we love it, but that we are tired of being hassled to buy stuff. "You don't understand" he pleads, "these people are starving and must feed their family". "Yes, I try to understand", I say, "I understand until I have said 'No Thank You" five times, and the guy still persists aggressively, which then forces me to be rude. Once in awhile they yell "racist" or tell us to "go home". I understand the tactic, but not in the way you expect me to understand it." The guy then says, "But that is our culture." Pierre corrects him, "If that is your culture, why don't we see you treating your own people that way? Why do you put your hands on female tourists and grab them when you would never touch your own women like that?!" He tells us we have to understand, but I tell him likewise, and that one day the tourists may stop coming.

Its a difficult complex situation. If the locals aren't aggressive, they are sure someone else will be, and win the tourist's money. Yet, it sets up a complete impasse between the two communities, and thus makes it unable for an authentic interaction to happen. It's almost always about money. I do understand in an over-simplistic way the dynamics, but its not something I support any longer. This of course is not typical behavior of most people, but enough to be the norm. Plus, I am more sensitive towards it after 6 months of travel.

Still, Conversations with locals are by far my favorite time spent. I love hearing and seeing how people perceive others and the world around them. A similar brain floating in us all, creating 6 billion different realities. That's an impressive device. (Unless you're George Bush)


Pendant notre séjour à Dar Es Salaam, Pierre et moi mangeons 100 fois au même restaurant, Chef's Pride (la "Fierté du Chef"). Nous sommes connus au restaurant comme les deux personnes avec lesquelles tu ne viens ab-so-lu-ment pas t'asseoir. Au début, il y avait toujours des gars qui venaient, tiraient une chaise et se posaient dessus. Pierre et moi les regardions faire sans y croire. La première fois que c'est arrivé, Pierre lui dit "Excusez-moi Monsieur, vous pouvez prendre la chaise mais vous ne pouvez pas manger avec nous, nous aimerions être seuls, merci". Le type l'air ennuyé s'exclame "Oh, vous n'avez pas à être aussi grossier, vous êtes en Tanzanie". Je lui explique que c'est lui le grossier et qu'on ne tire pas une chaise pour se planter devant un couple sans demander. Il ne pige pas. Toutes les images du monde, il ne veut pas ou ne peut pas enregistrer. "Marrant, nous pensons, nous ne voyons ça arriver qu'avec les touristes, jamais avec les autochtones" (c'est parce que ces types ont tous quelque chose à vendre, bien sûr) donc les quelques autres types qui essaient de s'asseoir avec nous, Pierre leur fiche une frousse pas possible en faisant un énorme scandale. Les histoires bientôt se répandent et voilà, tout le monde nous laisse tranquille, sans essayer de s'asseoir et nous vendre leur merde.

Une nuit en rentrant à pied de ce restaurant, un type nous arrête pour, euh, nous vendre des trucs. Il nous demande ce que nous pensons de la Tanzanie et nous répondons que nous l'adorons, mais que nous sommes fatigués d'être tout le temps dérangés pour acheter quelque chose. "Vous ne comprenez pas, il plaide, ces gens crèvent de faim et doivent nourrir leur famille". "Oui, j'essaie de comprendre", je dis, "je comprends jusqu'à ce que j'ai à dire non-merci cinq fois, et que le gars persiste encore avec agressivité, ce qui me force à être grossière. De temps en temps, il me traite de raciste ou nous disent de rentrer chez nous. Je comprends la tactique, mais pas de la manière dont tu voudrais que je la comprenne". Le type dit alors "Mais c'est dans notre culture". Pierre le corrige "Si c'est dans votre culture, pourquoi est-ce que nous ne vous voyons jamais traiter les gens du coin de la même manière? Pourquoi est-ce que vous posez vos mains sur les femmes touristes et les agrippez alors que vous ne toucheriez jamais vos propres femmes comme ça?!". Il nous dit que nous devrions comprendre, mais je lui répond de même, et qu'un jour il est possible que les touristes arrêtent de venir.

C'est une situation difficile et complexe. Si les autochtones ne se montrent pas agressifs, ils sont sûrs que quelqu'un d'autre le sera et gagnera l'argent des touristes. Par contre, ça créé une complète impasse entre les deux communautés, et donc rend impossible l'arrivée d'une authentique interaction. C'est presque toujours basé sur l'argent. Je comprends vraiment les dynamiques d'une manière hyper-simpliste, mais ce n'est plus quelque chose que je supporte désormais. Ceci n'est bien sûr pas le comportement typique d'une grande majorité des gens, mais suffisamment pour être la norme. En plus, j'y suis de plus en plus sensible après 6 mois de voyage.

Il n'en reste pas moins que les conversations avec les gens du pays sont de loin mon passe-temps favori. J'adore écouter et observer comment les gens perçoivent les autres et le monde autour d'eux. Un même cerveau flottant en chacun d'entre nous et créant 6 milliards de réalités différentes. Quel outil impressionnant (sauf si tu t'appelles Georges Bush).


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